« Tous les amants s’éteignent dans un bouquet de cendre », scande Keith Kouna dans Bouquet, une chanson encapsulant parfaitement toute la perspicacité d’un auteur-compositeur qui trouve la lumière là où ses contemporains ne verraient que noirceur, désolation ou imbécillité.
Depuis plus de vingt ans, le chanteur échafaude ainsi une œuvre de résistance, qui oppose à la banalité endémique le sourire imperturbable et insolent d’une musique qui ressemble sans cesse à une fête. Avec Keith Kouna, l’imminence de la fin du monde ne saurait nous empêcher de faire bombance.
Misanthrope qui tend la main, cowboy de ruelle, grand tannant; Keith Kouna est à la fois un chien fou et un gentilhomme. Il connaît la douleur de pleurer dans sa bière aussi bien que la joie de gueuler son rock à sa manière. Il est surtout un des auteurs-compositeurs les plus agiles de sa génération, capable de conjuguer de truculents portraits sociaux à des ritournelles superbement niaiseuses ou à des balades qui creusent profond. Keith Kouna n’a pas peur d’enregistrer une chanson avec les moyens du bord, mais sait offrir à celles qui appellent pareils égards le traitement royal d’un tapis rouge de cordes. Chacun de ses textes est un feu d’artifice de maîtrise de la langue, dont il sait dompter les rugosités et s’approprier les douceurs. Mais toujours, chez Kouna, la chanson demeure un art qu’il faut parfois tourner en ridicule. Une posture qui ne rend plus qu’encore plus saisissants ces moments lors desquels, le plus sérieusement du monde, notre homme déballe soudainement sa viande sur la table.
Spectacle pour toutes sortes d’oreilles. En duo avec Martien Bélanger.